CELINE EKO , MA VISION du Football Féminin Camerounais
entretien mené par FRIDA NOLLA
Catalyseur du football féminin Camerounais
CELINE MENDOMO EKO a été nommée présidente de la commission de football féminin au Cameroun, par le comité de normalisation de la Fédération Camerounaise de Football et récemment membre dans la commission d’organisation du football féminin à la Confédération Africaine de Football(CAF).
Amoureuse du football dès sa jeunesse, Céline n’a d’yeux que pour le ballon rond. C’est donc à cœur joie qu’elle travaille d’arrache pied depuis des lustres, pour le développement du football féminin au Cameroun et vers les autres pays du continent. Céline a donc décidé, de partage avec nous son expérience.
Comment faites vous , votre entrée dans le monde du football au Cameroun?
Je rentre dans le monde du football que j’ai pratiqué pendant longtemps en milieu scolaire. Et en entrée effective, j’intègre le Canon de Yaoundé en 1980. D’abord comme supporter et ensuite j’ai été présidente d’honneur du comité de soutien du Canon de Yaoundé à Douala pendant 1 an et après , j’ai été promus comme secrétaire générale du Canon sportif de Yaoundé, poste que j’ai occupé pendant plusieurs années et je me suis retrouver pendant pratiquement près de 22 ans, comme étant la seule femme au conseil d’administration du Canon sportif de Yaoundé. Et tout ceci avec l’élaboration des statuts du Canon avec le feu Ferdinand KOUNGOU EDIMA.(qui a été mon parrain parce que je ne voudrais pas perdre de vue cela) . J’intègre le Canon parce que Monsieur Koungou est l’ami à mon grand père.
Pourquoi avoir choisie de vous mettre en retrait par rapport au Canon ?
Vous savez le Canon, comme toute les équipes mythiques sont très difficiles à gérer, surtout avec des personnes qui réellement ne participent pas à la vie du club. Comme vous pouvez vous imaginez que j’ai assuré l’intérim de la présidence du Canon dans un intermède de six mois, à l’époque où, feu NDONGO ALEGA, avait été un peu mis de côté par le président du conseil des sages. Je peux vous dire que ça a été à la fois très facile, mais beaucoup plus difficile pour une femme. Et je peux vous dire que pendant cette transition de six mois, j’ai eu l’honneur d’avoir le Ministre Nkili Robert Comme trésorier. Et c’est à la fin de la transition des six mois, où tout le monde croyais que je vais accepter prendre la présidence du Canon au cours d’un conseil d’administration qui s’est tenu à l’hôtel des Députés, j’ai renoncé. J’ai dis que je ne me présentais pas comme présidente du Canon, que je n’acceptais pas parce que ce n’était pas un vote, je leur ai dit que je ne voulais pas, que j’étais trop jeune, pour présider aux destinées du Canon à cette époque là. Jusque là, je vous parle des choses de 1987-1988.
je ne suis pas un cheveu dans la soupe dans le milieu du football
Et finalement, contre toutes attentes, vous savez, c’est une équipe de cœur ce n’est pas autre chose, en 1991, tout le monde en particulier feu Koungou Edima, feu Ndongo Alega, qui ont insistés à ce que j’accepte, ça a été une décision très difficile à prendre pour moi. J’ai enfin accepté de présider aux destinées du Canon, donc, j’ai été élu, pour une période de 3 ans et passé les 3 ans, je crois, ces soubresauts, vous les avez connus. Je tiens quand même à rappeler que j’ai eu Manga Onguene, feu Abega Théophile, Mongam Dagobert, tous ces joueurs, je les ai eu comme joueurs, j’étais déjà dirigeante du Canon de Yaoundé. Donc, pour ceux qui croient que je suis un cheveu dans la soupe dans le milieu du football, je crois que je leur épargne toujours cela. Vous savez, les gens sont libres de dire ce qu’ils veulent. En 1993, alors que j’étais PCA du Canon, je me suis vu confier la commission du Football féminin, donc, vous voyez que le choix n’a pas été difficile pour moi. Le football féminin, j’en ai fait un point d’honneur.
Pourquoi avoir choisie de soutenir le football féminin, qui soufrait déjà, alors que vous étiez depuis plusieurs années au Canon ?
Je vous l’ai dis, je voulais vivre une autre expérience, je me suis rendu compte que les filles en avait le plus besoin de soutien diverses. Et je me suis dis, pourquoi ne pas apporter mon expérience du milieu du football masculin, et l’appui que je pouvais apporter à ces filles, pour que nous puissions faire des choses extraordinaires. Mais effectivement, contre toute attente, Il en a qui me disait que je rêve, quand je leur disais que nous allons participer à une coupe du monde, tout le monde me disait mais madame, vous rêvez.
Êtes-vous satisfaite, au regard du parcours de des équipes féminines de football aujourd’hui ?
2 coupes du monde, les jeux olympiques et 3 qualifications à la CAN. Pour moi, c’est une satisfaction morale et personnelle, une fierté pour le football Camerounais. Parce que si j’étais toute seule, certainement je n’aurai pas réussie, il a fallut la participation et l’accompagnement de la grande famille du football féminin, pour que nous ayons les résultats que tous les camerounais ont eu l’honneur de vivre en 2016. Après 44 ans, vous voyez que les filles ont fait rêver, les Camerounais et pour moi, c’est la plus grande satisfaction.
Avec la création de la ligue spécialisée de football féminin, vous avez été relégué au poste de vice présidente, Maintenant êtes redevenu présidente de la commission de football féminin, quels sont vos projets ?
Vous savez en faite, ça n’a pas été du recul, j’ai été présidente de la commission de football féminin, poste que j’ai occupé jusqu’à la mise en place d’une ligue spécialisée du football féminin. Et je puis vous dire que ça n’a pas été une relégation, ça a été un consensus. J’avais 14 voix sur 20, donc, j’avais la majorité absolue. Et sur ce, le president de la FECAFOOT m’a invité à son bureau en me demandant d’accepter d’être vice-présidente, parce qu’il fallait régler le problème anglophone. Mais en sachant que c’est moi qui faisait tout le boulot, tout le monde sait, ce que j’ai fais pour le football féminin, mais qu’il me le demandait à titre personnel. Je me suis dite, si ma modeste contribution par rapport au problème anglophone pouvait s’arranger par cela, je ne vois pas pourquoi, j’aurais refusé. C’est la raison pour laquelle on ne peut pas parler ici, d’une relégation. Donc ce n’était pas un recul. Pour vous dire encore mieux, jusqu’à ce jour, la ligue n’a jamais pris fonction, donc j’ai continué à travailler, jusqu’à l’arrivé du nouveau comité de normalisation qui a donc remis les choses dans les normes.
Par rapport à votre nouvelle nomination à la CAF, dans la commission d’organisation du football féminin, pensez-vous que c’est un emboutissement ?
Vous savez, le football féminin se pratique de la même manière un peu partout. Et je peux vous dire que le Cameroun a déjà un gros avantage, parce que, j’ai eu à exposer sur l’évolution du football Camerounais au niveau de la FIFA, aux Etats Unis, pendant la coupe du monde. Parce que, beaucoup de pays était surpris de l’avancée du football féminin au Cameroun. J’ai été invité à certains symposiums dans certains pays africain où j’ai exposé sur le football féminin. Pour expliquer parce qu’il en a certains qui sont encore très en retard. Donc les Camerounais peuvent s’en réjouir parce que le football féminin au Cameroun est très avancé, on ne peut nous comparer qu’à certains pays Européens.
Le football féminin a plusieurs échéances qui approchent, les U20 et les U17 et bientôt les éliminatoires de la CAN féminine 2018, comment avance les choses ?
Nous sommes entrain de travailler là-dessus. L’administration et la fédération Camerounaise de football avec le comité de normalisation, sont entrain de mettre tout en œuvre parce que nous avons une CAN au Ghana et nous avons deux équipes, les U17 et les U20, qui croisons les doigts, sont entrain de jouer les qualifications pour la coupe du monde. Nous sommes assez bien placés. Nous n’irons pas gagner une coupe du monde, mais faire une participation comme celle que les séniors ont faite au Canada.
Avec la CAN 2019 qui aura lieu au Cameroun, pensez-vous que les dames seront négligées si le Cameroun se qualifie pour le mondial féminin 2019, qui se jouera sensiblement à la même période ?
La Can féminine se joue en 2018 au Ghana, la prochaine CAN, c’est en 2020. Donc il n’y aura pas chevauchement, ce sera des matchs de préparations. Il y aura la coupe du monde féminine bien sur. Pour l’instant nous n’en somme pas encore là, mais tous les Camerounais doivent se mettre au travail pour que la CAN 2019 se déroule dans de très bonne condition et que le seigneur nous permettent de la remporter. Parce que c’est qu’en même, une fierté d’ailleurs au niveau de la CAF, la Cameroun en terme de pays organisateur est numéro un. On l’a démontré avec la CAN féminine. Donc, je souhaite qu’il en soit de même pour les garçons et que notre équipe face ce qu’elle a fait au Gabon.
Que dites vous à ces parents là qui hésitent encore à laisser leurs enfant pratiquer du football ?
A ces parents, une fois de plus je profite de ce passage dans votre Media, pour dire à ces parents, de laisser la jeune fille vivre sa passion ? Ce n’est pas pour autant dire qu’elle doit laisser son école pour aller jouer au foot. Vus savez, le foot est un sport comme un autre. Vous savez la fierté de tous les Camerounais, ça a été les Lionnes. Là nous venons de voire dans le volet. Le football est un sport comme un autre, le basket est un sport comme un autre. Cela ne voudrait pas dire qu’une fille qui joue au football, est une fille qui a raté sa vie non, il ne faut pas que les parents le prennent ainsi. Parce que vous avez vu les milliers de Camerounais restés devant les écrans de télévisions, parce qu’ils étaient fascinés, par rapport à ce que nos filles ont démontrées au Canada. Je crois que tout parent ne peut que rêver, voire sa fille évoluer dans ces conditions. Donc je conseillerais aux parents de laisser les enfants faire la distinction entre les études, joué au football, qu’ils laissent leurs filles s’épanouir, tout en les surveillant normalement.
Le Cameroun a gagné la CAN 2017, après avoir été finaliste en 2016 avec les dames qu’est ce que cela vous inspire ?
Ça veut tout simplement dire ce qu’est le Cameroun. Le Cameroun est une très très grande nation de sports, et surtout de football. Donc nous ne devons pas perdre ça de vu. Tous les Camerounais devraient en être fiers. Ne pas se laisser embarquer dans des histoires à critiquer. Le Cameroun est une très très grande nation de football , nous ferons mieux et nous pourrons encore faire mieux.
Cela fait plusieurs années que vous travaillez au service du football au Cameroun, pensez vous avoir une pleine récompense pour vos actions ?
Vous savez, toute vérité n’est pas bonne à dire. Pour moi c’est une passion, donc je ne mettrai pas à vous énumérer ce que j’ai connu , je la fais parce que j’aime. Il ya des choses que, pour l’amour de mon pays, je n’en parlerai pas. Ce que j’ai fais pour les U20 ne représente rien, par rapport à ce que j’ai pu faire avec le football féminin. Parce que j’ai l’habitude de soutenir même les clubs qui ont des soucis de licence et tout. Donc pour moi, résoudre un problème des U20, c’est pas un problème, mais au moins, un minimum de récompense tout simplement.
Merci presidente de nous avoir reçu
credit photo : FRIDA NOLLA / ARASPRESS